Bilan du café patrimoine sur la tournerie sur bois

 

SOIRÉE CAFÉ PATRIMOINE À ENTRE-DEUX-GUIERS

Le vendredi 14 juin 2013, s’est déroulé un café patrimoine sur la thématique de la tournerie. Issue d’un partenariat entre les Amis du Parc de Chartreuse, l’association la Passion du bois et la commune d’Entre-deux-Guiers, cette soirée a été l’occasion d’échanges passionnés entre les personnes réunies.

En introduction, les membres de la Passion du bois ont procédé à une démonstration de tournage sur le perron de la Maison pour tous. Les participants ont ainsi pu admirer la dextérité et la rapidité de tourneurs, capables de reproduire à l’identique des centaines de pièces.

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Après la dégustation d’encas, la découverte de pièces de bois et d’une exposition photographique sur les coffrets des bouteilles d’élixir, la discussion a commencé. L’animation a été menée de main de maitre par Pierre Baffert : élu de la commune et grand connaisseur de l’histoire locale.

Il a tout d’abord rappelé que si cette soirée se déroulait à Entre-deux-Guiers, ce n’était pas un hasard. En effet, la commune a été une des capitales françaises de la tournerie sur bois. Le lieu qui accueillait le café patrimoine était également en lien avec la thématique puisqu’il était autrefois occupé à la fois par un bistrot et par une menuiserie. Deux activités à nouveau réunies pour la soirée.

Ensuite Aurore Provent, chargée de projets de l’association des Amis du Parc de Chartreuse a présenté le principe des cafés patrimoine en rappelant que celui-ci était le septième sur le territoire du Parc de Chartreuse.

La soirée s’est déroulée en présence de tourneurs sur bois, retraités ou encore en activité, parmi lesquels notamment :
  Jean Lhéritier, qui travaille le bois depuis 1941
  Maurice Viviand, encore en activité
  Francisque Descottes-Genon et Alain Vergon, anciens tourneurs professionnels et membres actifs de l’association la Passion du Bois.
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LES SUJETS ABORDÉS

Après les présentations d’usage, les participants ont été invités à inscrire sur un papier un mot ou une question en rapport avec le thème de la tournerie sur bois.

En voici quelques exemples :


  Depuis quand existe le tournage sur bois ?
  L’importance du tour Jay dans le développement des tourneries de la vallée
  Pourquoi l’article souvenir en Chartreuse ?
  Les ateliers : la concurrence, le rapport avec les grossistes…
  La comparaison avec le Jura
  Le rôle des femmes
 Les savoir-faire
  Le déshabillage du bois
  …

Le terme de « magie » est revenu à plusieurs reprises, marquant le sentiment ressenti lors de la démonstration de tournage réalisée en introduction de la soirée.

Difficile de retraduire ici la richesse de l’échange mais il est possible de revenir sur certains points :

 Les tours Jay : Louis Gradelet a indiqué qu’ils étaient propres à la région et permettaient de travailler « en l’air ». Ils ont donc été faits en fonction des besoins locaux et ils ont donc contribué au développement et au maintien d’un savoir-faire propre à la région. Ensuite, Olivier Tirard Collet est intervenu pour indiquer que ces tours permettaient un haut rendement. Il est en effet possible d’enchainer un très grand nombre de pièces grâce au système de poulie folle et de pouvoir procéder assez facilement au creusage d’une pièce. Cela s’est traduit par le développement d’objets spécifiques à la vallée d’Entre-deux-Guiers. Le plus étonnant a été d’apprendre que bon nombre d’objets souvenirs (bonbonnières, phares miniatures…) vendus sur la côte basque ou bretonne étaient en fait réalisés en Chartreuse.

 Les ateliers : la concurrence, le rapport avec les grossistes : Alain Vergon a indiqué que c’était essentiellement les donneurs d’ordres qui généraient des rivalités entre les tourneurs. En effet, ils passaient d’ateliers en ateliers pour tenter de faire baisser les prix. « Quand ils arrivaient au bout du village, ils achetaient les boîtes-écorces moitié moins chères qu’au premier tourneur ». Les tourneurs avaient pour habitude de ne pas ouvrir les portes de leur atelier à leurs pairs.

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 La comparaison avec le Jura : La tournerie en Chartreuse se distingue par le fait qu’elle a été beaucoup moins mécanisée. Son déclin a sans doute été un peu accéléré du fait qu’il n’y ait pas eu d’entente entre les tourneurs contrairement au Jura où ces derniers ont cherché à s’organiser. Dans le Jura, les personnes étaient plus ouvertes et ont été plus aptes à se reconvertir vers d’autres types de production comme le plastique.

 Les artisans-artistes : Jean Lhéritier ne se considère pas comme un artiste. « On était obligé de produire pour manger. Il fallait faire de la quantité. Je n’ai vécu que de la tournerie pendant 48 ans ».

A la pause, les participants se sont de nouveau dirigés vers l’extérieur pour assister à une démonstration de tournage en nocturne. Cette fois c’est une bonbonnière qui a été réalisée par Francisque Descottes-Genon.

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Lors de la soirée, un document souvenir, permettant de conserver une trace de cet échange, a été remis aux participants. Vous pouvez le découvrir en cliquant sur l’icône ci-dessous.

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A LA DÉCOUVERTE DES OUTILS...

La reprise de la discussion s’est faite avec une explication concernant les outils utilisés. Alain Vergon a indiqué qu’une grande partie était forgée par les tourneurs eux-mêmes.

Le premier outil utilisé pour tourner est une gouge à dégrossir. Il y a ensuite une gouge profilée qui permet de réaliser les formes principales. Les tourneurs avaient un objectif principal : le rendement, ce qui les a conduits à développer des techniques particulières pour gagner du temps. Pour couper les pièces, il y a le coupoir. Pour creuser, il y a les mèches avec des pointes centrales. A noter également la réalisation de crochets par les tourneurs. Ils avaient différentes formes en fonction des usages.

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Au départ, les outils étaient réalisés dans de l’acier doux, puis c’est l’acier rapide, qui craignait moins l’usure, qui s’est imposé. Alain a expliqué de quelle manière il est possible de distinguer les deux types d’acier : il suffit d’utiliser une lime. En effet, celle-ci ne mord pas sur de l’acier rapide alors qu’avec de l’acier doux cela laisse des traces.

LES ESSENCES DE BOIS

Francisque Descottes-Genon a indiqué que deux sortes de bois étaient principalement utilisées en Chartreuse : l’érable champêtre et l’érable sycomore. Il a présenté les deux espèces telles que l’on peut les voir à l’état naturel.

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Le bois était acheté chez les propriétaires de forêts, les paysans, qui venaient démarcher les tourneurs. Le bois devait être coupé à la bonne lune et à la bonne sève. Il devait être coupé au mois de novembre lorsque les feuilles étaient tombées. Jean Lhéritier l’a confirmé en ajoutant « qu’au 15 janvier on ne coupe plus ! ». Alain Vergon a précisé que les vendeurs de bois utilisaient la même technique que les grossistes en passant d’un tourneur à l’autre pour trouver le plus offrant. « Comment voulez-vous que l’on gagne notre vie » s’est alors exprimé Alain sur un ton humoristique.

A l’issue de la soirée, l’association la Passion du Bois a remis à l’ensemble des participants une coupelle tournée en bois blanc. Un cadeau très apprécié !


En 2013, les cafés patrimoine se poursuivent en Chartreuse

Le prochain café patrimoine aura lieu à St Bernard du Touvet le vendredi 18 octobre et sera consacré aux plantes et à leurs utilisations L’association partenaire sera cette fois-ci Les Relais de Chartreuse. (Plus d’informations à venir sur le site des Amis du Parc de Chartreuse).

Si vous êtes intéressés par cette démarche à titre personnel ou dans le cadre d’une association, d’une municipalité, d’une bibliothèque... n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante : amis.chartreuse@laposte.net

Une condition est nécessaire : avoir envie d’échanger sur un thème lié au patrimoine et à la mémoire vive du territoire !


Ces animations bénéficient du soutien financier des partenaires suivants :

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