JUILLET 2012 : marchons avec Rousseau autour de Voissant

 


Dans le cadre de notre programme
"LE PATRIMOINE ET LA CULTURE EN CHARTREUSE"


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Le mercredi 18 juillet, rendez-vous était donné à Voissant pour une balade avec les yeux de JEAN-JACQUES ROUSSEAU.

Le lieu choisi : Voissant

Petite commune au passé glorieux !

Cette petite commune de 215 âmes, berceau historique des Boursier,
entre Miribel les Echelles et Saint Jean d’Avelanne, se situe sur la rive gauche du Guiers.

  Paul Bourde(1851-1914), né à Voissant fut un ami de collège d’Arthur Rimbaud. Il a réintroduit la culture de l’olivier en Tunisie. Un buste le représentant est installé à l’entrée de la commune, à une croisée de chemins. Il fut correspondant du journal "Le Temps" (l’ancêtre du "Monde").
 Le contrebandier Mandrin (1725-1755) passa fréquemment par Voissant, commune limitrophe entre le Dauphiné et la Savoie.


M. Lucien Bertet, maire de la commune a accueilli la trentaine de participants chaleureusement et a su transmettre l’amour de sa commune.


Si le philosophe n’est jamais venu à Voissant, le choix du lieu était loin d’être anodin.

 En effet, la commune est délimitée au nord-est par les gorges de Chailles que Rousseau a traversées et dont il a laissé une trace écrite dans les Confessions.

 Autre raison de s’intéresser à Rousseau en ce lieu :
Mme de Larnage, propriétaire de la maison-forte de Voissant au XVIIIe siècle, a eu une aventure passionnée avec Rousseau de 20 ans son cadet, lors d’un voyage dans la région.

Orientée sur Jean-Jacques Rousseau, (sa vision des paysages, son ressenti et ses rêveries), cette balade nous a permis également de découvrir et d’apprécier un patrimoine bâti riche et fort bien conservé.
C’est par ces richesses patrimoniales que nous avons commencé notre "Marche avec Rousseau"


L’église romane de Voissant : un bijou préservé

Spécialement ouverte pour l’occasion, nous avons pu la visiter et l’admirer.
L’église de Voissant est la plus ancienne du diocèse de Grenoble. Elle a été restaurée en 1968.
Construite au XIIe siècle, son style roman est extrêmement bien conservé. En effet, contrairement ce qui était d’usage dans la région, elle a été agrandie et non remplacée par une construction plus importante.

Ses principales caractéristiques architecturales sont :
  l’utilisation de molasse (roche très tendre) en extérieur pour réaliser l’arc de la porte
  de petites ouvertures offrant peu d’éclairage mais avec de magnifiques vitraux modernes.
  un plafond en bois, plutôt atypique dans un lieu de culte
  un cadran solaire, visible sur le clocher, qui a été restauré et sur lequel on peut lire « la vie des hommes est comme une ombre qui s’enfuit ».

Le saviez-vous ?
L’histoire de cette église serait liée à celle d’une léproserie en contrebas, dans la vallée. Un chemin, aujourd’hui encore appelé « le chemin des lépreux » permettait vraisemblablement aux plus valides de se rendre à l’église où un espace leur était réservé pour éviter tout contact avec la population locale.

La maison-forte de Voissant : un patrimoine remarquable

En haut du bourg se trouve le Vieux Château (en réalité maison-forte), datant du XVIe siècle, dont les façades, la toiture et l’escalier intérieur ont été inscrits à l’inventaire des monuments historiques en 1983.

Un parrallèle inévitable entre la maison forte et la ferme de Monquin

Devant l’entrée, Jean-Pierre Blazin a établi un parallèle avec Rousseau en montrant la photo de la LA FERME DE MONQUIN à Maubec.
C’est là, à côté de Bourgoin, qu’il rédigea les Confessions.

Ces deux portails sont semblables et caractéristiques de l’architecture dauphinoise en vogue au XVIIe siècle.


Jean Pierre Blazin a évoqué ensuite, la différence entre château (lieu de résidence principale d’un seigneur où l’on frappe la monnaie et on rend la justice) et une maison-forte (résidence secondaire d’un seigneur ou principale d’un bourgeois, à laquelle on donne l’aspect d’un château).


A une centaine de mètres du portail, on distingue un monticule boisé qui n’est autre qu’une motte castrale.
La Valdaine était un axe de circulation très fréquentée et au moins deux autres emplacements de mottes castrales y ont été retrouvés.

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Sous ce monticule boisé, une motte castrale...

Madame Caillies, actuelle propriétaire, nous a gracieusement ouvert les portes de la maison-forte et nous en a narré l’histoire.

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Un travail de restauration remarquable !


 La première trace d’un noble ayant habité la maison forte date des années 1640, avec le Sieur Isaac de Garnier qui était procureur au parlement du Dauphiné.
 La propriété a plus tard appartenu à MADAME DE LARNAGE, maitresse épisodique de Jean Jacques Rousseau.
 C’est en 1967 que les propriétaires actuels ont repris la maison-forte et ont entrepris depuis un effort colossal de restauration.

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Aussi belle au dehors qu’au dedans...

A noter dans votre agenda  :
A l’occasion de la journée du patrimoine, une représentation théâtrale d’une troupe du moyen-âge aura lieu dans l’enceinte de la maison-forte le samedi 15 (15h30 et 20h30) et le dimanche 16 septembre (15h30).


Le paysage "à la Rousseau"

Toujours en suivant les indications de Jean Pierre Blazin, le groupe s’est dirigé sur un chemin en contrebas pour observer le panorama allant de la vallée de l’Ainan aux hauteurs de la commune de St Franc.

Situé à la limite du département de l’Isère, la commune de Voissant offre une belle vue sur l’avant-pays savoyard.

C’est entre 1355 et 1376 que le Guiers fût définitivement retenu comme frontière entre la France et la Savoie.

Cet espace était très fréquenté, déjà lors de l’antiquité puisqu’une voie romaine passait par St Franc.
Entre 1640 et 1650 une route empruntant le défilé des Echelles (Gorges de Chailles) et permettant un raccourci a été construite.
C’est cette nouvelle voie qu’emprunta Jean Jacques Rousseau en 1732 alors qu’il regagnait Chambéry.
Il se rendait alors à la Charmette, domicile de celle qu’il appelait « Maman », c’est à dire Mme de Varens.

Rousseau appréciait particulièrement les espaces escarpés, aux contrastes prononcés. Dans ses écrits il ne raconte les paysages traversés que par les émotions fortes que ceux-ci lui procurent.
Les récits de Rousseau ne nous permettent donc pas de savoir quel était la nature du paysage.

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Vers le Pas des Echelles : un paysage aujourd’hui bien plus vert que du temps de Rousseau !

Il est cependant possible d’avoir des indications grâce à la MAPPE SARDE (cadastre de Savoie) qui nous renseigne sur l’occupation des sols (type de cultures, bâtiments…).

On apprend ainsi qu’à son époque les couleurs majoritaires étaient les ocres (terre) et le bleu (ciel).
La forêt était beaucoup moins développée qu’à l’heure actuelle.
Et la vigne était une culture importante.

Le saviez-vous ? Jean Jacques Rousseau a travaillé à la réalisation du cadastre de Savoie. Il était notamment chargé de dessiner les jardins des propriétés des nobles.
Un comble pour cet amoureux de la nature sauvage !

Jean Jacques Rousseau avait la volonté de voyager seul et à pied alors que c’était habituellement le moyen de déplacement des pauvres gens. C’était une façon pour lui de ressentir le pays.
Et ce sont des chemins tout à fait semblables à ceux que nous découvrons autour de Voissant que Rousseau a parcourus.


Nous avons ensuite repris la direction de la maison-forte où Madame Callies nous avait ouvert sa cour intérieure pour le pique-nique tiré du sac.


Sur Rousseau : anecdotes et questions

Après cette pause, regroupés sur les marches de l’escalier autour de Jean Pierre Blazin, nous avons écouté le récit de l’idylle tumultueuse entre Madame de Larnage et Jean Jacques Rousseau.

Une rencontre de hasard au cours d’un voyage et une irrésistible attraction.
JJ Rousseau, pour l’occasion s’est fait passer pour un anglais...
Et a fini par abandonner l’aventure lorsqu’il a ressenti une nouvelle attirance pour...la fille (âgée de 15 ans) de sa maitresse.
Quelle histoire !
Nous apprenons que Jean Jacques, le botaniste, a donné son nom à une plante plus communément appelée « la fille avant la mère » !!!
De circonstance ..

« Elle interrompit brusquement ce silence en passant un bras autour de mon cou, et dans l’instant sa bouche parla trop clairement sur la mienne pour me laisser mon erreur. » Les confessions JJR

Jean Pierre Blazin a été interpellé sur le fait que Jean Jacques Rousseau avait abandonné ses enfants alors qu’il est l’auteur d’un traité sur l’éducation : l’Emile.
Il nous a alors rappelé, sans chercher à excuser le philosophe, que l’abandon d’enfant était courant à l’époque.

Après une discussion très enrichissante, nous sommes retournés à la salle des fêtes de Voissant où notre accompagnateur nous a fait un exposé sur le thème des paysages et de ses représentations.

Lire le compte rendu de cet exposé dans l’article
LE PAYSAGE AVANT ET APRÈS ROUSSEAU : LA NAISSANCE DU ROMANTISME


Une belle conclusion pour cette journée riche en enseignements qui a été très appréciée des participants.


Le Parc de Chartreuse et les Amis du Parc de Chartreuse remercient vivement M. le Maire et la famille Caillies pour l’accueil très chaleureux qui leur a été réservé.

Rendez-vous est pris au mois d’octobre sur la commune de Myans (nord-est du Parc de Chartreuse) pour une nouvelle expérience de lecture du paysage dans les pas de Rousseau...


Remerciements également aux partenaires qui ont rendu cette journée possible :


Les Amis du Parc de Chartreuse ont choisi comme valeur principale de proposer, solliciter, générer une approche participative.

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